Hors d’œuvre #1

Hors d’œuvre c’est une nouvelle rubrique qui analyse comment l’art représente les pratiques alimentaires à travers le temps et les cultures. Chaque mois mois on décortique une oeuvre dont le sujet fait écho à un enjeu de l’alimentation durable ou à nos pratiques alimentaires contemporaines.

Pour ce premier article on analyse le célèbre tableau de Johannes Vermeer : La laitière, peint en 1658 et exposé au Rijksmuseum à Amsterdam. Ce que nous raconte cette oeuvre c’est que cuisiner les restes, ça date pas d’hier !

Un peu d’histoire..
Ce tableau est ce qu’on appelle une scène de genre, un style qui apparaît à la fin du Moyen-Âge et qui attire les bourgeois Hollandais qui s’intéressent peu à peu à d’autres sujets que la peinture religieuse. Vermeer représente avec minutie et réalité le travail quotidien, un sujet universel, et c’est ce qui fait de ce tableau une oeuvre acclamée et reconnue.

🚨Anecdote
Contrairement à la croyance commune dû en partie à une célèbre marque de yaourts, la femme de ce tableau est une domestique. D’ailleurs, lorsqu’il fut peint, ce tableau avait pour titre « une servante versant du lait ».

👁Décryptage
Cette scène de genre se passe dans une cuisine, dont le décor dépouillé contraste avec la profusion d’éléments sur la table qui constituent en eux-mêmes une nature morte. Toute l’attention du spectateur est posée sur la figure principale, la domestique qui est en train de préparer à manger.

Pensive, la domestique prépare un plat à base de lait et de morceaux de pain qui sont peut-être les restes d’un précédent repas. AAAH le pain. Aujourd’hui il nous paraît être un aliment banal, c’est presque avec automatisme qu’on va chercher sa baguette à la boulangerie plusieurs fois par semaine. Mais à cette époque, le pain et le lait sont des aliments essentiels, on ne les gaspille pas, qu’importe le niveau de richesse ! Alors la tendance #antigaspi qui devient de plus en plus populaire ne date en fait pas d’hier ! D’ailleurs on parle souvent « d’astuces de grands-mères » pour utiliser les restes de nourriture, car il n’y a encore pas si longtemps on avait globalement un rapport plus réfléchi aux aliments et il était hors de question de gaspiller. Aujourd’hui, parce qu’accéder à toute sorte de nourriture est devenue facile et que le rythme de vie plus dense empêche parfois de cuisiner, il n’est pas rare de jeter un reste de pain rassis ou une pomme flétrie et tapée dont on ne sait pas quoi faire…

Alors prenons exemple sur cette femme du 17ème siècle qui, plongée dans ses pensées, a devancé le #zérodéchet en faisant preuve de créativité pour accommoder du pain et du lait!
Il y a plein de manières d’utiliser du pain rassis : pudding, pain perdu, pastizzu (un gâteau Corse), on peut aussi en faire de la chapelure… C’est parti, à vos tabliers !

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Chaire ANCA

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading